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Photo du rédacteurInCorporer - JB

"Un Système, Pour Les Gouverner Tous"


Gollum, retrouvant finalement son "Précieux" / Comment réagissent vos Parts Attachées ? ;)

Si vous êtes fan de Tolkien et du Seigneur Des Anneaux, peut-être vous rappelez vous ce passage dans lequel Galadriel mentionne la création de l'Anneau unique. Dans la version française, elle dit ceci :


"Mais ils furent tous dupés, car un autre anneau fut forgé (...) Sauron, le Seigneur des Ténèbres, forgea en secret un Maître Anneau, pour gouverner tous les autres(...) Un Anneau, pour les gouverner tous. " (in La Communauté de l'Anneau, P.Jackson)


C'est probablement par "déformation professionnelle", mais mes Parts ne peuvent s'enpêcher de faire un parallèle entre la fonction de l'Anneau de Pouvoir, et celle du Système Nerveux (SN) chez les Êtres Humains (et chez les autres animaux aussi).


Ce n'est pourtant pas à travers le visionnange de la trilogie que je fis ce lien, mais bel et bien au cours d'une de mes nombreuses formations en psychothérapie du Trauma. Je vous raconte ça.


Toronto, Canada


Préambule : l'expérience que je partage ici est seulement la mienne, et reste donc limitée. Je ne la partage pas dans un soucis de juger une collègue qui aurait mal fait son travail. Bien au contraire. Rien ne dit que j'aurais fait mieux qu'elle, même si mes parts persistent à le croire.

Cette formatrice s'est montrée par ailleurs d'un grand professionalisme, et d'une grande expertise dans sa technique. Elle nous a simplement montré ses limites. Et j'ai beaucoup appris grâce à elle(s). Les "erreurs" sont les plus grandes sources d'apprentissage, à condition que nous acceptions notre propre remise en question, et acceptions de nous corriger.


Fin 2016, je décidais d’aller me former au Brainspotting (BSP) à Toronto, Canada. C’était pourtant déjà une année bien chargée, après m’être formé à la Méditation Transcendantale, avoir assisté Janina Fisher à Londres deux fois, et effectué une retraite de "purification" (Panchakarma) de 3 semaines en Inde. Je crois que j’effectuais également mon premier module en réflexe archaïques... Bref, une petite année.


Je naviguais alors entre plusieurs modèles théoriques, qui avaient tous en commun d'avoir des limites face à la dissociation, la fragmentation et l'attachement. A l'époque, je ne parvenais pas vraiment à relier ces modèles pour en faire un tout cohérent qui intègrerait ces limites. Tout était pourtant là, devant moi, dans le Système Nerveux. Mais je n'avais pas suffisamment de recul, ni les outils pour le percevoir.


En choisissant de participer à cette formation, je me disais que je faisais d’une pierre 3 coups. Ou 4. 1/ Je découvrais Toronto, une "petite" ville sympathique qui m’avait l’air de vouloir jouer à être New York, sans succès. 2/ J’emmenais également ma copine de l’époque en vacances à l’étranger (sa première fois) ; 3/ je me formais au BSP auprès d’une de ses plus anciennes formatrices ; 4/ je poursuivais mon entrainement à pratiquer l’anglais, et 5/ (enfin) je pourrais rencontrer et m'entrainer auprès de Vladimir Vassiliev, ancien Colonel de l’armée russe ayant immigré au Canada et ayant développé la vision de Mighail Ryabko du Systema. Du coup, c'était d'une pierre 5 coups ;)


Un voyage plus que « rentable » donc, en termes de découvertes, d’explorations, et d’expériences. De quoi nourrir et satisfaire de nombreuses Parts.


Je n'allais pas être au bout de mes surprises ! Au cours de la formation au BSP, comme dans de très nombreuses formations sur les traumas, la formatrice proposa de faire une démonstration. Et depuis mes formations en T.A.T (Tapas Acupressure Techniques), j’avais pris pour habitude de me porter volontaire le plus souvent possible, d'un côté pour tester l’efficacité de la technique, mais aussi pour bénéficier de l'expérience du/de la formateur(trice). Rien ne remplace l'expérience, et être patient m'en apprenait beaucoup sur moi selon la perspective de la thérapie expérimentée. C’était donc l’occasion d’avoir une séance très riche grâce au contact avec une experte ayant 30 ans d’expérience de soin du trauma… Ça ne se refuse pas !


Sauf que là, allez savoir pourquoi... je n’y allais pas. J’étais en retrait, pas vraiment là, faisant acte de présence, oui, mais ne pensant qu’à ma classe de Systema, à ma future sortie aux chutes du Niagara, ou à mes prochains pancakes aux blueberries.


La "volontaire" pour la démonstration fut une jeune étudiante de 20 ans, qui avait subi une agression sur son campus universitaire 3 semaines auparavant. Elle pleurait presque sans arrêt depuis le début de la formation. Je la trouvais bien dissociée (ce qui apparaissait être la norme en Amérique du Nord), et rien ne semblait pouvoir l’apaiser. Il est clair que sa place était dans un espace de soin, et pas en formation professionnelle pour le moment.

Comme si cela ne suffisait pas, il se trouve que sa mère était aussi étudiante de la formation.

Elle semblait également désemparée face à la détresse de sa fille... Tout cela créait un certain malaise dans la formation, et tout le monde semblait attendre une intervention de quelqu'un pour soulager tout le monde. Un peu comme quand un bébé pleure dans les bras de sa mère dans le train, et que rien ne foncitonne pour le calmer... Tout le monde est en quête d'un(e) Sauveur/se...

Et voici donc que la formatrice en BSP choisit de faire sa session avec elle, devant la mère de sa patiente, concernant une agression sexuelle que sa fille a subi il y a quelques jours...

Vous sentez le malaise ?


Parenthèse : il était déjà délirant à mes yeux que la formatrice ait accepté une telle configuration ; la jeune fille était en "phase aigue", et n’avait pas besoin d’être exposée devant tout le monde, et encore moins devant sa mère, elle aussi choquée et dérégulée par les faits, mais dont personne ne s’occupe, car elle n’est pas la victime directe. Tout cela n’annonce rien de bon pour la patiente, ni pour la démo ! Fin de la parenthèse.


La séance commence. La formatrice tente d'appliquer le protocole qu'elle nous transmet... et les pleurs s’intensifient. La formatrice poursuit son process, et tandis que la détresse de l'étudiante augmente, mes parts ont envie d’intervenir pour ramener plus de Présent, plus de Corps, et, en gros, montrer à la formatrice comment faire pour sécuriser cette Part en détresse… Un comble. Je me retiens, et la laisse faire son travail.

Je me dissocie pour éteindre ma part "CareGiver Compulsif", et rappelle à cette Part que ce n'est pas notre formation, et que ce n'est pas à nous d'en assurer le bon déroulement. J'observe donc la jeune fille s’enfoncer dans ses sanglots, elle switch, et la formatrice se fige (je crois même qu'elle tremble), et la mère … s’effondre. Tout cela pendant près d'1h30… Où les tentatives et les échecs se répètent. Cela semble irréel, mais cela se produit bel et bien. No happy end. Tout le groupe attendait un miracle libérateur comme point final de la séance, ou au moins une amélioration. Rien de tel.


Nom De Zeus ! Encore Des Traumas !
Great Scott ! Nom De Zeus ! (dans la VF)

Tout le groupe est choqué, mais personne n’ose rien dire. Je suis alors très heureux de savoir me réguler et apaiser mes Parts ! Dans le feedback de groupe, certains "positivent" la séance était bonne, car la patiente a pu exprimer ses émotions… Moi, je n’en reviens pas. Je n’en reviens pas du niveau de méconnaissance de la formatrice sur le SN de sa patiente, et sur les solutions à apporter pour l’aider. Une Part de moi avait encore à l'époque tendance à idéaliser les formateurs et à croire qu'ils savaient tout résoudre. J'oubliais qu'ils ne sont que des humains blessés qui se sont plus ou moins (bien) soignés, que tout le monde a ses limites, et qu'on ne peut pas tout savoir. Et c’est là... Là, dans la détresse du groupe activé par la "démonstration" que je réalisais... « Oh my god », que l’on peut très bien être expert dans une méthode, sans pour autant être expert du sytstème nerveux humain traumatisé. Celui qui avait démontré une nouvelle fois sa toute puissance dans cette séance, c'était le SN. La technique utilisée, qui s'appuie sur le système nerveux, s'appuie sur un système nerveux blessé pour s'auto-soigner...

Selon le niveau de blessure du SN, voilà pourquoi certaines techniques, qui d'habitude ont des résultats, n'en ont pas dans les traumatisationcomplexes, où dissociation et fragmentation ont pris le pouvoir du SN. Une autre forme de travail est alors nécessaire pour que le SN retrouve ses fonctions soignantes.    


Tout cela faisait sens désormais, selon moi. Je devais en savoir plus sur le système nerveux dans sa globalité, sur comment ils se construit, sur comment il fonctionne "normalement", et sur comment il est impacté par les évènements traumatiques. En fonction de cela, les actions thérapeutiques deviennent plus évidentes, et non limitées à la "mémoire".


Oslo, 24.12.2024


Julien Baillet    

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